Des pages d’histoire
1850-1878 - Dans la presse
Les extraits des journaux suivants ont été colligés et proposés par Sylvie Bonhomme. Ils offrent, par la lorgnette des faits divers, un angle de vue sur la vie tumultueuse de Tharaux au cours de la seconde moitié du XIXème siècle.
Dans Le Courrier du Gard du 1er juin 1850
« Mardi 21 mai 1850, vers 10 heures du soir le sieur Sallèle, péager du Pont de Tharaux, sur la Cèze, fut réveillé par les cris de personnes frappant à sa porte, demandant à passer le pont. La fille du préposé se lève aussitôt et sort pour ouvrir la claire-voie à deux individus qui refusent ensuite de s’acquitter du droit de passage. Elle leur fait remarquer que seuls les indigents peuvent passer gratis et qu’ils ne paraissent pas assez pauvres pour en être exemptés. Elle aperçoit alors un troisième individu qui cherche à s’introduire dans la maison, c’est alors qu’elle reçoit un coup de bâton asséné par derrière, et un coup de couteau dans le sein droit. Aux cris poussés par sa fille, le dénommé Sallèle accourt, mais assailli lui même par plusieurs coups de bâton, tombe sans connaissance. Les trois malfaiteurs avant de s’enfuir, emportent la recette du péage, 80 francs, enfermée dans un tiroir qu’ils ont forcé. Le lendemain on trouva sur la route d’Uzès, à une lieue de Tharaux, un bâton souillé de sang et de cheveux. Trois étrangers au pays, de mauvaise mine, furent arrêtés par la gendarmerie de Lussan dans les bois de Seyne, et écroués à la maison d’arrêt. Sallèle et sa fille, malgré leurs blessures sont hors de danger. »
Dans L’Opinion du Midi et L’Aigle des Cevennes du 14 septembre 1864
« Depuis une douzaine de jours, on avait signalé dans les bois de Tharaux et de Méjannes Le Clap, la présence d’un taureau dont la propriété n’était revendiquée par personne. L’animal paissait tranquillement en toute liberté, mais devenait furieux à l’approche de l’homme. Une battue organisée n’avait pas aboutie. Enfin le 7 septembre après plusieurs jours de poursuites incessantes, le sieur Romieux, garde forestier de Rochegude, accompagné de Vincent du même village, sont parvenus à lui lâcher deux coups de carabine. Ce taureau, de race espagnole, appartenait à une manade, pour figurer de manière active, dans les courses taurines aux arènes de Nîmes, et dont quelques uns parvinrent à s’échapper il y a quelques temps aux approches de la ville, où ils devaient trouver une mort dont la gloire, parut leur sourire médiocrement. »
Dans Le Courrier du Gard du samedi 9 mars 1867
« Tharaux a reçu le 2 mars, la visite de Mr le Procureur Impérial, et de Mr le Juge d’Instruction d’Alais. Le sieur Pierre Granier, propriétaire à Tharaux, est mort le 25 février dernier, et inhumé le lendemain, sans l’assistance d’aucun membre de sa famille. La bruit public attribuait sa mort à un crime. Le maire se hâta de prévenir l’autorité judiciaire dès qu’il apprit ces rumeurs. Le corps ayant été exhumé, on constata des traces de blessures à la tête, au front et sous l’oeil gauche. Ses vêtements retrouvés dans la maison portaient des tâches de sang. La veuve et le fils furent mis en état d’arrestation et conduits à la maison d’arrêt d’Alais. »
Dans L’Opinion du Midi du 12 mai 1867
COUR D’ASSISES DU GARD ( audience du 18 mai 1867 ).
« Un crime odieux a été commis, il y a 2 mois à peine sur un pauvre vieillard infirme nommé Pierre Granier, habitant Tharaux, âgé de 70 ans. Les auteurs étaient, le fils et la femme de la victime, l’avarice et la méchanceté, les mobiles. Simon Granier 34 ans, le fils, s’était fait justice quelques jours avant la session, s’étant pendu dans sa cellule ( le 25 avril, le jour même où il devait subir son interrogatoire ( détail relevé dans Le Courrier du Gard du 11 mai 1867 )). Marie Fraix 68 ans, née à Lussan, demeurant Tharaux, épouse de la victime, comparaissait donc seule. Le malheureux Pierre Granier subissait depuis de nombreuses années des mauvais traitements, à l’intérieur de son ménage. Battu, subissant des privations, l’infortuné n’avait chez lui d’autre abri que l’écurie. Pour se soustraire aux persécutions des siens, il errait dans les bois, se nourrissant de glands, la plupart du temps. C’est le 25 février dernier que la mort de Pierre Granier se répandit dans le village. Les premiers témoins qui arrivèrent dans la maison, remarquèrent à la face du cadavre des gouttes de sang paraissant indiquer une lésion récente, et sur l’avant bras, une blessure fraîche, et de nombreuses égratignures. L’inhumation eut lieu précipitamment, la rumeur publique s’éleva bientôt contre la femme et le fils. L’autorité instruite exigea alors l’exhumation du corps. On constata plusieurs blessures, dont deux récentes sur le crâne. L’ongle de Marie Fraix, rapprochée des égratignures sur le bras du mari s’y est parfaitement rapportée. Marie Fraix cherche a expliquer ces blessures, par des chutes successives, mais les témoins entendus ont donné sur ce point le plus énergique démenti. La veuve Granier a été condamnée à 10 ans de réclusion. »
Dans Le Messager du Midi du 16 septembre 1878
« La veuve Saud, aubergiste à Tharaux, avait enveloppé dans un mouchoir et caché dans un trou à l’intérieur de la cheminée de sa chambre, 505 francs. Ces jours derniers, ayant besoin de son argent, qu’elle ne fut pas sa surprise en trouvant le vide, là où se trouvaient son épargne. La pauvre femme se perd en conjectures au sujet de l’auteur de cette soustraction. »