2017
Atelier d’écriture
Le Biblio’Atelier de la Compagnie 1057 Roses, samedi 11 février 2017 de 14 h à 18 h à Tharaux. Initiation à l’écriture « Le pas de côté ». Atelier d’écriture avec Jean Cagnard, dramaturge, écrivain et auteur associé de la Compagnie 1057 Roses.
La compagnie
C’est la rencontre de deux personnes, Catherine Vasseur, comédienne et metteur en scène, et Jean Cagnard, écrivain, qui a amené la création de la Compagnie 1057 Roses, il y a une poignée d’années. Le projet de cette compagnie est de développer une dynamique de création de spectacle vivant autour de l’écriture de Jean Cagnard, et plus précisément de prolonger la matière textuelle par la recherche d’un univers visuel, associant la présence scénique de l’acteur à l’expression poétique de l’objet.
L’atelier
Atelier d’écriture avec Jean Cagnard. L’écriture est autour de nous, dans l’air, et il suffit de lancer la main devant soi pour en capturer un nid. Inutile de savoir écrire pour écrire. Un bon jeu de jambes et bonne longueur de l’œil, ça vous contact avec le monde, et les mots, quel que soit leur ordre d’arrivée, ont toujours une raison d’apparaître, une musique ou une surprise à défendre. Il n’y a pas de belles phrases, il y en a beaucoup ; il y a surtout ce qu’on a à dire par ce moyen-là, comment on existe librement. Écrire à partir de différents stimuli (à base de jeux), environnement ou thématiques (n’oublier pas votre sens de l’humour !). Restitution publique par la lecture, par les participants, de leurs écrits.
Textes inspirés d’un tableau de Magritte
« Je regarde cette caserne vide. Je la vois tous les jours, mais aujourd’hui je suis prise de panique… De ce lieu abandonné, s’élèvent les silhouettes des soldats morts. Ils sont partis de chez eux, confiants. Pourtant , on les a enfermés dans des trains, et voilà la boucherie. Après la bataille, ils n’étaient plus que dix. Ces ombres aujourd’hui veulent revenir vers leur point de départ. Elles veulent rester dans cette caserne oubliée. Ces ombres ne veulent pas mourir. Alors, on va ré embobiner le film : un fil les tire vers le sol. Ils rentrent dans le bâtiment par les portes, par les fenêtres et enfin, j’entends des cris, des sifflets, des chants de jeunes hommes qu’on n’obligera plus à mourir pour une illusion. D’ailleurs, pourquoi construit-on des casernes ? il n’y aura plus de soldats, plus de guerres. Je me réveille et je regarde sur le mur, la photo du tableau.
Cette silhouette multiple est paisible… »Danièle
« Bien que nous vivons dans notre monde, ne négligeons pas les autres parallèles. Si dans celui-ci, nous sommes tous semblables, mais aussi original, il en est d’autres plus ou moins opposés. Dans la fréquence 10UBHm, la Terre telle qu’on la connaît, est la même, trait pour trait, mais les hommes sont seulement des hommes. Ce monde, surréaliste à nos yeux semble s’être arrêté. Les mouvements se font dans l’immobilité, il n’y a ni pluie, ni vent, ni jours, ni nuits. Le temps passe, mais nous ne le voyons pas. Seules créatures vivantes, ces hommes-statues, uniformément répartis, conformément habillés, avec la même apparence : « il est écrit de s’habiller d’un chapeau melon noir, d’une chemise blanche XL, des sous vêtements taille S1, un caleçon long et pantalon L noir. Le tout protégé par un manteau à 3 boutons. » Ceci n’est pas écrit, mais nous le lisons à travers l’espace. Là-bas, il n’y a pas de gravité, pas d’énergie non plus. La seule force est celle du silence, personne ne respire, personne ne mange, personne ne boit, personne ne vit. Des constructions à la place du sol, elles n’abritent rien, elles ne sont que le support des ombres de ces hommes par un soleil flou. »Matthias
Textes écrits à partir d’une liste de mots imposés
chanter, oiseau, vampire, amour, plat, intentionnellement, pompier, gendarme, stylo, loup, chèvre, crache, dehors, commentaire.
« Ce matin , je fus réveillé par un oiseau qui était en train de chanter. Mon père était pompier et ma mère gendarme. Ils étaient déjà partis travailler. Quant à moi, je me préparais un plat. Mon repas fini, je sortis dehors, m’allongeai dans l’herbe et commençai mon livre. Je lus d’abord le titre, intentionnellement : « Le vampire qui trouva l’amour ».
J’avais entamé la moitié de mon livre, mes parents rentrèrent. Ils me demandèrent de rentrer le troupeau.
Je rentrai dans la maison, saisis une feuille et un stylo puis écrivis un commentaire sur le livre. Lorsque mon chat me sauta sur les genoux, je ne le caressai pas, parce que je sais qu’il crache. Je sortis rentrer le troupeau de chèvres pour éviter que les loups ne les mangent… »Fiona
« Ça s’est passé dehors, là devant chez nous. Quel cirque ! Ca a commencé par des cris, en fait c’était quelqu’un en train de chanter. On a tous cru qu’il avait bu mais non, il faisait ça intentionnellement. Oui, pour attirer l’attention de la Marie, son grand amour. Mais il faisait un raffut… à réveiller les chèvres, à s’envoler les oiseaux et à attirer les loups ! Et quand il a commencé à grimper à la vigne, on a tous eu peur et on a même pensé à appeler les pompiers.
C’est là qu’elle a ouvert la fenêtre pour lui crier :
– Laisse-moi tranquille sinon j’appelle les gendarmes, tu me bouffes la vie, t’es un vampire, si tu disparais pas je te crache dessus.
La déclaration était tombée à plat.
– Hé mon gars, pour séduite la petite, rentre chez toi, prends un stylo et écris-lui une lettre, mais laisse-nous dormir.
C’est Marcel qui criait.
Sans commentaire »Ophélie
Texte écrit à partir d’une photographie
« L’enquête du commissaire Arribert de la ville de la Grand-Combe avait enfin trouvé son dénouement. : l’homme recherché depuis 22 ans avait enfin été retrouvé ; après de multiples enquêtes de voisinage dans les premiers mois, qui n’avaient rien donné, après des recherches auprès de la famille et des relations professionnelles de ce représentant de commerce en matériel agricole, aucune trace, aucune source d’information extérieure, aucun récépissé de carte bancaire, aucune communication téléphonique n’ont été récupérés par les différents enquêteurs qui se sont succédés tout au long de ces années. Plus grave encor, Interpol, les services secrets, le Ministère de la Défense, n’ont pas été plus efficaces, lorsqu’on s’est aperçu tardivement, que Victor Delarue était un agent d’une puissance étrangère, mais néanmoins amie, au compte de laquelle, il avait collecté de multiples informations sensibles sur les sites de production nucléaire de la Vallée du Rhône, en particulier, Cadarache, sans être inquiété, repéré dans ses activités qui semblaient avoir débuté dans les années 70.
Il s’était volatilisé sans aucune explication rationnelle, sans avoir été dénoncé, trahi par un complice ou par cette capacité des hommes à laisser un souvenir de leur passage sur cette terre. Et pourtant… Cette énigme avait une solution : dans son appartement situé au 26 bld du Portalet, deuxième étage droite, les enquêteurs pouvaient parfaitement l’identifier, l’arrêter , le questionner. Eux, qui souvent observaient, écoutaient les personnes mises en garde à vue, interrogés derrière un miroir sans tain, ils auraient dû repérer, identifier, et arrêter Victor Delarue, souriant, presque moqueur de leur incapacité à le retrouver derrière le miroir du salon ; cela fait 22 ans qu’il les attend, avec son pull sans âge, sa moustache et ses secret, 22 ans qu’il reste dans l’ombre du reflet de ce miroir.
Mais une ultime visite de la police scientifique avait provoqué la chute de ce miroir : le mystère se brisa aux pieds de celui qui en était l’acteur majeur…. »Patrick
Variation à partir de l’expression « Je me souviens »
« Je me souviens de la pluie sur les toits
Je me souviens de la douceur des soirées d’été
Je me souviens du bruit des sabots du cheval sur le gravier
Je me souviens des odeurs de fumier après avoir fait le box
Je me souviens de la douceur de ses naseaux
Je me souviens de son hennissement de bienvenue
Je me souviens de la sauvagerie de ses écarts
Je me souviens des herbes hautes qui chatouillaient son ventre
Je me souviens du rythme saccadé de son passage
Je me souviens de mon souffle qui s’alignait sur son pas
Je me souviens de ces retours au calme
Je me souviens avoir « pensé cheval »
Je me souviens « être cheval » le temps d’un changement de pied
Je me souviens centaure
Je me souviens la douleur de sa vieillesse
Je me souviens la perte
Je me souviens encore des petits matins
Je me souviens du seau de granulés
Je me souviens avoir pensé l’avoir oublié
Je me souviens m’être réveillée à cet oubli
Je me souviens m’être levée, et qu’il n’était plus là
Je me souviens de ce cheval hennissant quand j’ouvrais ma fenêtre
Je me souviens maintenant que cette image n’est qu’un souvenir
Je me souviens que le gazon a remplacé la boue du terrain martelé par les sabots
Je me souviens de la pluie sur les toits….. »Christine